Tu sais, kem, on n'est pas avec les couples, on ne sait pas ce qu'ils vivent... Je vais te parler de mon cas... Ce n'est pas si simple une harmonie. Parfois ça tient à peu de choses, c'est vrai. Mais selon le vécu, l'harmonie devient un rêve auquel on ne parvient plus à accéder... Quand la confiance n'est plus, quand les papillons dans le ventre ne sont plus là quand tu regardes ton conjoint, quand la déception devient quasi constante... Parfois la fin est bénéfique... ce n'est pas une fatalité. Je ne supporte pas quand on dit que "c'est facile de partir à la première broutille". Non, on ne part pas forcément à la première broutille, mais quand de petites choses, en petites choses, les concessions deviennent de plus en plus difficiles, parce qu'il y a son propre épanouissement en jeu aussi.
C'est compliqué la vie à deux, très compliqué. C'est merveilleux quand ça se passe bien, mais quand la distance s'installe, qu'on ne parvient plus à se parler, qu'on a l'impression que c'est inutile de parler parce qu'on ne sait plus se faire comprendre... C'est un truc horrible. Pendant 10 ans on avait vécu en parlant le même langage, et d'un seul coup, à force de vivre trop éloigné, on ne se comprend plus, on pense constamment à des sous-entendus, et le fossé se creuse de plus en plus profondément, sans qu'on puisse le réduire, parce que tout se fait petit à petit, insidieusement...
Je pense qu'il faut prendre beaucoup de temps avant de mûrir sa réflexion avant d'envisager une séparation... Que tant qu'on n'est pas arrivé tout au bout de l'histoire au moment où on part, le chemin est d'autant plus long pour faire le deuil de l'histoire qu'on a vécu...
Perso j'ai mis un temps incroyable avant de prendre la décision parce que justement j'avais peur de regretter, de faire le mauvais choix ou de le faire "trop tôt"... Et puis petit à petit, j'ai compris que je ne lui aurais jamais pardonné tout ce que j'ai vécu ces dernières années... Que si on continuait, je finirai pas lui en vouloir d'avoir fait le choix de rester (un comble). Bref, j'aurais gâché nos vies, sans possibilité de le rendre heureux et donc d'être heureuse moi-même. C'était impossible de continuer dans ces conditions-là. Mais il faut avoir le courage d'être honnête vis-à-vis de soi-même. C'est vraiment pas une décision facile à prendre, surtout quand il y a les enfants..... J'ai commencé le travail de deuil avant d'avoir pris de réelle décision... Quand je l'ai prise ce fut une LIBERATION. A partir du moment où je l'ai partagé avec lui, où je lui ai annoncé ma décision, mes démons sont tous partis et j'ai retrouvé ma paix intérieure quasi immédiatement. J'ai su alors que j'avais pris la bonne décision... Le deuil est terminé... Je n'ai plus ni rancoeur, ni rancune, je garde que des bons souvenirs, et la séparation se passe au mieux, nous sommes en très bons termes, on s'entend super bien pour les filles, et les démarches devraient bien se passer, on prend le temps pour tout, on ne précipite rien pour mûrir nos réflexions chacun...
Pour ce qui est de la solitude, c'est plus compliqué à vivre. C'est différent, je pense quand on est entouré d'amis, de famille, mais quand on a "personne", je peux te dire qu'on ne sait pas à quoi se raccrocher. Dans ces moments-là oui, on en vient à penser au passé, sans en être nostalgique, mais on se rend compte que ceux qui vivent autour on une vie rangée ou réglée, et ça nous remet en pleine face ce qu'on n'a plus.
L'homme de toute façon n'est jamais vraiment satisfait de ce qu'il a... Je crois que son réel problème est là...
Pourtant je ne donnerais ma place pour rien au monde. Je me laisse le temps d'apprivoiser cette solitude, et quand on a eu une vie de couple ou de famille pendant longtemps, s'habituer au changement radical ne se fait pas du jour au lendemain et meubler un vide n'est pas chose aisée.
Le plus dur je crois c'est le manque de "support", le fait de rentrer et de ne pas pouvoir décharger au conjoint les mauvaises choses de la journée, les stress, les hics ou les pépins qui te tombent dessus, comme la fois où j'ai heurté une bagnole... Bref, le quotidien seul, c'est difficile quand tu as été deux pendant très longtemps. Le fait de prendre les décisions rapides seule...
Et puis il y a les cycles féminins, qui jouent malgré un rôle incroyable sur le moral. Moi je sais qu'en début de cycle, je pète la forme, en fin de cycle, j'ai une tête à pleurer, je vois tout en noir, je deviens nostalgique, limite triste... Et ça, je trouve, que plus l'âge avance, plus les montagnes russes se font sentir (le haut plus haut et le bas, plus bas)... Alors la solitude en début de cycle tu la vois presque rigolote, le TOP, et puis à la fin, c'est un enfer, tu donnerais n'importe quoi pour avoir une épaule de mec et plus si affinité (je plaisante et je grossis le truc pour donner à comprendre). Et en fin de cycle où la confiance en soi redescend, c'est là qu'on a besoin de tendresse, et d'affectif, et que le "sans" te saute à la gorge...
Je crois que c'est un point déterminant dans la vie d'une femme seule.. et ça joue beaucoup sur les états d'âme et l'attitude en général..
Il n'y a que le temps qui peut aider. On ne fait pas le deuil d'une histoire simplement en disant "c'est fini", le cheminement intérieure est très long, mais une fois qu'il est fait, alors c'est une vraie libération... Et pourtant, tu vois, on aurait fêté nos 14 ans d'histoire hier.... Sans nostalgie, ni regret. Je suis une nouvelle femme, et je crois pouvoir dire, enfin, que oui, seule, je suis heureuse, car en totale harmonie avec moi-même... Je suppose que le travail de psy/coach que je fais en parallèle depuis 6 mois y est pour beaucoup...
La vie est belle