Le roman de mon accouchement...

Mercredi 17 août 2005… Je n’ai pas très bien dormi, tout d’abord du mal à m’endormir, puis de nombreux trajets direction toilettes. Je me réveille fatiguée mais bien éveillée, alors je me lève : de toute façon, je compte profiter du jour de repos de Seb pour aller en ville avec lui : faire un tour sur le marché et dans les librairies d’occasion (je cherche encore une fois un bouquin pour les concours), et surtout faire la reconnaissance anticipée du petit bonhomme, vu que nous ne sommes pas mariés, cela facilite les choses. Et, argument important pour Seb : afin que le petit homme porte son nom immédiatement !
Je suis lente à me préparer, je prends mon temps. Quelle fatigue aujourd’hui ! Enfin, nous partons en direction du centre, le bus est plein mais Seb réussit à me trouver une place assise. Rares sont ceux qui se lèvent pour laisser une place assise à une femme enceinte… Mon ventre est tendu et bien rond, j’aime le caresser, n’en déplaise à certains passagers du bus… Il fait très chaud, lourd malgré le ciel bleu… A la mairie du Capitole, on nous renvoie au service d’Etat Civil, deux rues plus loin… sauf qu’à ce moment mon cher homme se rend compte qu’il a oublié son portefeuille et donc sa carte d’identité ! Impossible donc d’effectuer la reconnaissance anticipée… Je peste, on se dispute deux minutes, et on finit par se calmer : on ne va pas se faire la tête pour une telle broutille ! Nous faisons alors notre tour de marché : nous irons faire la reconnaissance demain ou cet après-midi à la mairie annexe… Mais il fait chaud, mes pieds gonflent, je fatigue : à peine le courage de faire 2 librairies, sans succès d’ailleurs… j’ai envie d’aller manger quelque chose en terrasse, mais Seb insiste pour rentrer, je dois avoir l’air bien fatiguée. Déjeuner rapide en amoureux, puis nouvelle tentative à la mairie de quartier cette fois, où on nous apprend qu’il faudra retourner au service d’Etat civil au centre ville ! Je suis dépitée et mon homme aussi, mais il est trop tard pour nous y rendre aujourd’hui, et je suis de plus en plus fatiguée : nous décidons de retenter notre chance le lendemain. Il fait chaud et de plus en plus lourd, nous rentrons vite à la maison, où Seb entame une séance rangement et tri des albums photos, je m’attaque à celui contenant les photos de la grossesse, sans trop d’entrain, j’aurais voulu faire une sieste mais je n’y parviens pas… Le temps passe assez lentement et c’est finalement l’heure de partir chez nos amis, pour la soirée pizza-foot (le match de l’équipe de France, réintégrant Zidane et je ne sais quels autres anciens joueurs). Seb a hâte d’y être, pour le foot et également pour être avec son ami d’enfance, le parrain de Tristan. Mon homme aime le foot, le rugby, moi je préfère à la rigueur le rugby… mais faisons plaisir au futur papa, qui se réjouit d’avoir enfin un match à voir ! Quant à moi je tombe de sommeil mais j’aime aller chez Guilhem et Marie-Céline, alors je me dis : tu dormiras cette nuit ! La route me paraît plus cahoteuse que jamais, je ressens chaque bosse, chaque coup de volant, le trajet me semble insupportable et j’agace Seb encore une fois avec mes réflexions sur la route, les automobilistes et mes plaintes « mais roule moins vite, fais-ci, fais-ça ». Le ciel s’est couvert en fin d’après-midi, les nuages sont de plus en plus sombres, il se met à pleuvoir. Nous arrivons à 20h30, Guilhem nous accueille, Marie-Céline n’est pas encore rentrée du travail, je me laisse tomber dans leur canapé vert anis, très confortable et dont j’adore la couleur… que de détails apparemment anodins dans ce récit, mais ce canapé jouera un rôle crucial par la suite ! Seb et Guilhem mettent sur pied un apéro sans alcool, avec des cacahuètes : pour une fois, personne ne boit de pastis, c’est inhabituel… et je ne me gêne pas : j’en mange beaucoup, les jours de grossesse sont comptés, après fini toutes ces bêtises, comme je le répète depuis quelques semaines, tout en faisant grise mine à chaque pesée ! Marie-Céline finit par arriver, la soirée se poursuit calmement, le début du match de foot approche, tout le monde nargue Seb qui est le seul à vouloir le voir vraiment… Je me détends enfin un peu, à moitié allongée sur le canapé, mon ventre ne me fait ni particulièrement mal, il n’est pas plus tendu que dans la journée, le bébé ne bouge pas beaucoup, mais il n’a plus beaucoup de place, rien d’étonnant donc… Et enfin, le match débute, je ne le suis que d’un œil, ça papote de tout et de rien, une soirée normale entre amis… Soudain, au bout de 10minutes de match, je sursaute : une drôle de sensation « en bas », la même que 4 semaines plus tôt alors que nous étions au cinéma Seb et moi, sensation de règles très abondantes, de perte de liquide… En juillet, nous étions partis aux urgences, mais il s’agissait d’une fausse alarme, une petite poche latérale, secondaire, qui avait dû se rompre… j’hésite une fraction de seconde, et je me dis : oh, si c’est la poche des eaux, je vais inonder leur beau canapé anis, alors il vaut mieux vérifier que… Et je me rends immédiatement aux toilettes, me disant qu’encore une fois, ce n’est sûrement rien, de toute façon la gynécologue m’avait encore assuré une semaine plus tôt que le bébé viendrait sûrement après la date prévue. En chemin, cela coule encore un petit peu, mais à peine… « Fausse alerte », me dis-je, mais une fois aux toilettes, cela coule de plus belle. Je me rhabille, sort des toilettes : plus rien… fausse alerte ? Je retourne au salon, mon cœur bat très très fort, j’ai envie de sourire… je reste debout, hésitant à faire les 3 pas qui me séparent du canapé (et si finalement, ça se remettait à fuir ? ah le beau canapé anis !), mais rien… alors je fais un pas en direction des autres… et voilà que cela coule à nouveau et abondamment ! Je dois arborer une expression étrange, car soudain, tous me fixent… Aucune panique en moi, une sensation étrange : cette fois-ci, ce n’est pas une fausse alerte, je le sais, je le sens… peut-être suis-je en train de sourire, quand je prononce la phrase qui va interrompre le match de foot, du moins pour nous tous, phrase que je prononce en regardant Seb dans les yeux : « Je crois que je suis en train de perdre les eaux ! »… Seb, lui, croit tout d’abord à une blague, mais le fait que je retourne immédiatement aux toilettes (où il me suit, toujours incrédule, je dois même lui montrer ma culotte complètement trempée !) lui fait se rendre compte que le grand jour est arrivé ! Il est si agité, il va et vient, ouvre encore la porte des toilettes, la referme, je l’entends rire nerveusement… Je perds à ce moment le bouchon muqueux… Marie me prête une serviette hygiénique (quel soulagement !) et tout le monde s’agite de plus belle, le premier but de l’équipe de France passe presque inaperçu. Ce n’est pas la panique mais une agitation, une excitation joyeuse qui s’est emparée de nous tous… les autres décident de manger une pizza, moi j’ai l’estomac noué… je m’installe sur une chaise, une serviette sous les fesses, je regarde d’un œil la télévision, Seb, Guilhem et Marie se partagent les deux pizzas, se préparent à partir… Et nous voilà enfin en route pour notre appartement, pour que je me douche et que je finisse ma valise pour la maternité… où nous arrivons finalement vers 23h, après quelques dernières photos de mon ventre à la maison. Bilbo a eu droit à une dernière promenade avec Guilhem… nous sommes tous très agités, excités… j’envoie un sms à Maude, je laisse un message à Irène, avec qui je devais déjeuner le lendemain… Nous arrivons à l’hôpital, une jeune femme me précède, je dois attendre un 10 à 15 minutes, minutes qui me semblent interminables, nous sommes tous excités, nous rions, nous nous agitons dans la salle d’attente… enfin c’est mon tour… Seb m’accompagne dans la salle d’examination : pas de doute, cette fois c’est bien la poche des eaux qui s’est rompue, ça coule toujours, j’asperge la chaise d’examination !! Le coton-tige témoin vire bien au bleu cette fois-ci… le cœur de Tristan bat bien, ma tension est bonne, mais les contractions sont rares ! Nous passons alors dans une salle de prétravail, et Seb va prévenir Marie et Guilhem que la nuit risque d’être longue et qu’il vaut mieux qu’ils rentrent chez eux… ils nous souhaitent « bonne chance » et rentrent chez eux, tout excités, Seb et moi rions : « ils ne vont sûrement pas dormir beaucoup, eux non plus ! ». Une sage-femme me met sous monitoring pendant une heure : les contractions sont là, mais très espacées, elles se rapprochent : le col est encore fermé à 1, mais il est mou et va s’ouvrir peu à peu… Je vais aller dans une chambre dans le service de grossesse pathologique… Seb m’accompagne, je m’installe, les contractions ne sont pas encore très douloureuses, mais 15min plus tard, une autre femme nous rejoint et Seb doit alors rentrer à la maison, il n’a pas le droit de rester avec moi si une autre femme est dans la chambre. Il est environ 1h, 1h30 du matin et je sens que je vais éclater en sanglots, je ne veux pas qu’il parte : je le tiens serré dans mes bras, pendant au moins une minute… il finit par partir et je pleure discrètement… la jeune femme rejoint la chambre avec son mari qui va partir rapidement lui aussi… et nous voici seules, avec la lumière dans la salle de bain, à souffrir à chaque contraction… au départ, nos contractions sont assez espacées, nous discutons, rions, faisons connaissance… mais rapidement les contractions de la jeune femme se rapprochent et elle semble souffrir beaucoup… je lui donne quelques conseils donnés par la sage-femme durant ma préparation par haptonomie… Je suis fatiguée, j’aimerais dormir, mais ses gémissements m’en empêchent. Rapidement, on lui refait un monitoring, un examen du col (elle perd du sang) et elle partira en salle d’accouchement vers 2h45. Je me retrouve seule, j’aimerais que Seb soit là. Mes contractions commencent à devenir de plus en plus douloureuses, à se rapprocher… excitée, je ne dors pas… et la douleur augmente… vers 3h30, la sage-femme vient m’examiner : je ne suis qu’à 2 de dilatation !! Elle me conseille de prendre une douche brûlante, assise sur une chaise… ce que je vais faire pendant au moins 40min ! Les contractions deviennent alors supportables, l’eau chaude me détend, je sommeille, assise nue sur ma chaise ! Mais dès que j’éteins l’eau, les contractions reviennent de plus en plus douloureuses et fréquentes… Je retourne au lit, j’ouvre les volets, le ciel est d’un noir orangé, les lumières de la ville, de l’hôpital… je guette la levée du jour, la venue de Seb… vers 5h, j’appelle la sage-femme, qui me met sous monitoring : les contractions sont plus régulières, plus fortes, plus rapprochées, le cœur du bébé bat normalement. Elle me propose d’appeler Seb. J’hésite et finalement je me dis : laissons-le dormir encore un peu… choix que je vais regretter rapidement : en effet, à nouveau seule, j’ai terriblement mal à chaque contraction… et elles sont espacées de maximum 3-5 minutes et très douloureuses, d’autant plus que je fatigue de plus en plus. Pourtant, impossible de dormir avec une telle douleur. Les minutes passent et j’ai tendance à m’endormir entre les contractions et souvent à être réveillée par la douleur intense de la contraction suivante. La nuit me semble interminable, je n’ai pas de montre, je m’oriente à la couleur du ciel, qui ne s’éclaircit pas… la douleur augmente, chaque contraction est de plus en plus dure à « vivre », moi aussi je gémis maintenant ! J’ai envie de pleurer tellement Seb me manque à ce moment, j’aimerais tant qu’il soit là pour me tenir la main… les minutes passent, je m’endors, suis réveillée par une contraction… finalement, je n’en peux plus, j’appelle encore une fois la sage-femme… qui m’examine et constate que je suis dilatée à 3-4 maintenant : je vais enfin pouvoir descendre en salle d’accouchement ! Elle appelle Seb sous mes yeux, le téléphone sonne à peine une fois, Seb a dû bondir du lit… Il va enfin venir, et 5minutes plus tard le brancardier arrive avec un fauteuil roulant. Il me descend dans la salle d’accouchement, il est 6h31 (je le lis à une horloge dans le couloir) je suis émue : ça y est, je rentre dans la pièce qui va voir naître mon fils. Mais voici la prochaine contraction et je me tords de douleur sur mon fauteuil, j’attends qu’elle parte avant de m’installer sur mon « lit d’accouchement » : c’est plus un lit qu’autre chose, je trouve. La salle me fait penser à un placard un peu plus grand, avec une étagère remplie de boites, flacons, paquets stériles, un grand lavabo et un matelas à langer à côté, un pèse-bébé et encore quelques flacons, compresses emballées. Derrière moi, des appareils, auxquels je vais rapidement être reliée : un appareil mesurant ma tension et mon pouls, l’appareil qui servira pour la péridurale, le pied métallique pour la perfusion et l’énorme appareil qui mesurera intra-vaginalement mes contractions (fréquence et intensité) et qui indiquera également par le biais d’une minuscule sonde déposée sur la tête du bébé son rythme cardiaque.

Je m’installe, il fait un peu froid, on me rajoute une couverture, on me pose la perf(la sage-femme semble aussi fatiguée que moi et a du mal à trouver ma veine) et le brassard qui me prendra la tension, le truc qu’on accroche à un doigt pour la prise de pouls (et qui tombera sans arrêt)… Seb arrive enfin, il est à peu près 6h45, je ne vois pas l’horloge, cachée par un appareil à ma gauche : il a l’air fatigué, pas réveillé du tout, il me fait rire ! Un futur papa typique ! La chemise de salle d’opération et ses chaussons en plastique me font sourire, je suis émue… jusqu’à ce qu’une nouvelle contraction arrive ! Et là, je ris moins : elles sont de plus en plus douloureuses, heureusement espacées d’environ 3min… je gémis, je souffle, je me tortille un peu, je ferme les yeux, je lui broie la main… et la contraction passe. On m’installe alors les sondes vaginales pour les contractions et le rythme cardiaque du bébé. Les minutes passent, les contractions aussi, je ne pense qu’à une chose, sans rien dire : quand est-ce qu’ils vont me faire la péridurale ! Finalement, la sage-femme du service de nuit me prévient que l’anesthésiste est en train de faire la péridurale à une autre future maman et qu’il viendra me voir ensuite. Il doit être 7h15, et Seb semble bien pâlichon tout à coup ! Il faut dire que mes gémissements, toute cette agitation doivent être éprouvants pour un futur papa qui a très peu dormi, pas déjeuné et qui doit se tenir debout… j’ai envie de vomir de douleur… mais c’est le papa qui doit s’asseoir brutalement par terre, au risque de tomber dans les pommes ! Je souris : je trouve ça très émouvant, malgré ces fichues contractions qui me font un mal de chien, je n’ai jamais connu une douleur pareille, vivement la péridurale ! J’envoie Seb dans le couloir, manger un petit quelque chose, je ne veux pas qu’il tourne de l’oeil… Quant à moi, je meurs de faim (je n’ai rien mangé depuis les crêpes et les petits gâteaux de mon goûter de la veille et les quelques cacahuètes devant le match de foot) et je n’ai pas envie de le voir manger devant moi ! 7h40, voilà enfin l’anesthésiste, qui me fait la péridurale, je n’ai même plus peur de la piqûre, tout ce que je veux c’est ne plus ressentir la douleur des contractions ! Une brève douleur dans la fesse droite, puis plus rien… la péridurale ne fait pas effet immédiatement, mais à peine 2 contractions et je ne ressens plus rien : quel soulagement ! Je me sens un peu bizarre, un peu envie de vomir, du mal à respirer, la tête qui tourne… la fatigue, plus les contractions et l’injection du produit… mais allongée, avec un tuyau d’oxygène, cela passe. Seb semble un peu inquiet, il tient le tuyau, j’aime sa présence rassurante… je ressens toute la fatigue accumulée, la nuit blanche, qui s’écrasent sur moi maintenant que je ne souffre plus des contractions ! A 8heures, l’équipe de jour arrive, vers 8h15 on m’examine : je ne suis que dilatée à 4, mais ça avance petit à petit. La sage-femme Véro et l’élève sage-femme Fanny (en dernière année, c’est elle qui va s’occuper de mon accouchement, supervisée par Véro) s’affairent autour de moi : premier test « PH » pour vérifier l’oxygénation du bébé, chez qui à chaque contraction, le rythme cardiaque chute énormément : de 150 à 80-100… Tout semble normal, je dois respirer avec le tuyau lors des contractions que je ressens très bien, mais sans aucune douleur… Après les examens, je peux enfin me reposer, somnoler un peu, m’endormir ! Vers 9h00, Seb rentre à la maison, pour sortir le chien qu’il n’avait pas sorti depuis la balade de 23h le soir précédent ! Il sera de retour comme promis à 10h15 précises. Pendant ce temps… je dors ! Je m’en veux un peu de passer mon temps à dormir en ce jour unique, mais je suis trop fatiguée pour lutter, et il vaut mieux prendre quelques forces pour le moment crucial ! On m’examine ensuite toutes les heures, autour de la demie. La dilatation progresse lentement, avec bébé qui descend en parallèle dans le bassin, il appuie sur le col et suit la dilatation (ce qui d’après Fanny est très bien : l’accouchement sera moins long, vu que nous n’aurons pas à attendre, une fois la dilatation totale atteinte, que bébé descende dans le bassin vu qu’il y sera déjà !). Mais toujours ce problème du rythme cardiaque de Tristan… on me fera en tout 4 tests « PH », qui consistent en un prélèvement de sang sur le crâne du bébé afin de vérifier son taux d’oxygène dans le sang… Cela m’inquiète mais les sages-femmes connaissent leur métier, et les résultats semblent leur convenir totalement… Le temps passe, j’ai soif plutôt que faim, Seb est à mes côtés, nous rions, parlons, nous tenons la main, nous faisons même des siestes ensemble, lui la tête posée sur mon lit, assis sur sa chaise… Enfin à 14h30 : la dilatation totale est atteinte, mais le bébé doit descendre encore un peu et on m’injecte un produit qui accélère la fréquence des contractions, qui sont toujours espacées de 3minutes… une heure plus tard, tout est prêt pour la naissance. Tout, sauf le personnel médical, qui est au chevet d’une autre future maman pour qui cela se passe moins bien et qui tente d’accoucher depuis plus d’une heure… on m’explique que l’on préfère, si cela est possible, attendre qu’elle ait accouché avant de se lancer dans « notre » grand moment, afin que les médecins soient disponibles au cas où. Ma fatigue est trop grande pour que je m’indigne, d’ailleurs je combats mon envie de pousser (ma péridurale est de moins en moins forte, les contractions sont redevenues douloureuses : j’ai une envie de pousser (un peu comme d’aller aux selles, c’est terrible cette impression que l’on va ch*** d’une seconde à l’autre !) irrépressible, qui va augmentant à chaque contraction ! Cela devient de plus en plus dur de ne faire « que » souffler pendant les contractions. Les minutes passent, je n’en peux plus : je me sens de plus en plus fatiguée, chaque contraction est de plus en plus forte, l’envie de pousser de plus en plus dure à combattre, j’ai l’impression de m’épuiser pour rien ! Je grogne auprès de Seb qui me dit d’appeler les sages-femmes, tant pis pour le personnel médical non disponible : de toute façon bébé est prêt à sortir, il est dans le bassin, tout en bas (lui a déjà vu sa tête, ses cheveux, plus tôt dans la journée, qu’est-ce qu’il était ému, il est venu agiter mon bras avec un sourire sur les lèvres comme s’il avait vu quelque chose d’incroyable !)… je patiente, autant que je peux… et à 16h35, je craque, je sonne, car je n’en peux plus : la péridurale est de moins en moins forte, j’aimerais en injecter à nouveau (mais il faut prévenir les sages-femmes avant de le faire). Les voilà qui arrivent, je leur explique que je ne peux plus me retenir, que c’est trop dur, que l’envie de pousser est devenue si impérieuse que je me fatigue de plus en plus… même pas le temps de parler de la péridurale et les voilà qui me disent : « et bien il va falloir pousser alors »…
Tout va très vite tout à coup, je me sens un peu vaciller : c’est l’émotion, ça y est, nous y sommes enfin ! J’ai la tête qui bourdonne un peu, je vois une autre sage-femme qui arrive, une aide-soignante aussi, je crois. Tout s’agite autour de moi, y compris Seb… Fanny s’installe en bas, entre mes jambes, on m’enlève la couverture, Véro s’installe à ma gauche, près de l’appareil mesurant les contractions, elle me dit « et bien à la prochaine contraction, vous ferez comme on a dit, 3 poussées par contraction »… et je sens déjà la contraction arriver, avant qu’elle ne le voie sur son appareil… « elle arrive !!!! » Seb me serre la main très fort… « Attendez encore un peu pour pousser, qu’elle soit au maximum… allez, on respire à fond… bloquez… et poussez !!!! »… Je respire, je bloque et je pousse, fort, aussi fort que je peux. J’entends Fanny qui me dit de pousser à l’endroit où elle me touche (au niveau du vagin), je sens Tristan qui me donne un coup de pied, Seb qui me dit de pousser… puis je dois arrêter, respirer, bloquer et pousser à nouveau. C’est dur, ça me fatigue, ça me fait vraiment mal, mais ça recommence déjà, 3ème poussée lors de la contraction… je ferme les yeux, je serre les dents… je gémis un peu « ah n’ouvrez pas la bouche, ne criez pas, cela diminue la force de la poussée » (ou quelque chose du genre)… la contraction passe enfin, je sens la douleur, la tête du bébé a déjà bien avancé me dit-on, Seb va jeter un coup d’œil, revient excité à mes côtés : « je le vois, on le voit déjà !!! »… moi tout ce que je ressens, c’est la douleur, ce quelque chose qui en moi, m’étire, tire et tend ma peau, mon vagin… Finalement, se retenir de pousser est quand même bien plus simple ai-je le temps de penser quand j’entends à nouveau Véro qui m’annonce qu’il faut à nouveau bloquer ma respiration et pousser… je respire, je bloque, je pousse… c’est dur de se retenir de pousser… cela fait vraiment mal, je n’aurais pas cru qu’avec la péridurale… « on arrête de pousser… on reprend son souffle, on respire, on bloque et on pousse »… et je pousse, je pousse, de toutes mes forces, je ferme les yeux, je suis en apnée totale, je sais que je peux rester à pousser longtemps sans respirer, j’entends soudain Seb qui me dit « mais arrête de pousser » !!!! Apparemment, je suis un peu ailleurs, je n’entends plus tout ce qu’on me dit, j’ai vraiment mal, je rassemble mes forces pour pousser… « sa tête est là » m’annonce Fanny… « vous voulez la toucher ? » et moi, ailleurs, comme une bonne prussienne hystérique « ah, mais j’ai pas les mains propres » (la honte, non ?!!)… la prochaine contraction arrive déjà, j’ai vraiment mal, j’ai l’impression que ça va craquer tellement je me sens étirée « en bas »… j’ai du mal à reprendre mon souffle, la contraction est là, j’entends Véro, Fanny et Seb, peut-être les autres aussi me dire de respirer et bloquer mais je ne peux pas, je suis trop fatiguée, je respire, respire, mais je n’arrive pas à bloquer… Seb qui passe du bas à mes côtés me crie « il est là, il est presque sorti, sa tête est là Bibi, je le vois ! » … je pousse à ce moment, j’ai mal, je n’en peux plus… et soudain, une douleur énorme, une brûlure, une sensation de déchirure, je pense « épisio ? » , je ferme les yeux, je me sens mal, « je crois que je vais tomber dans les pommes » est tout ce que je parviens à dire, je distingue mal ce qui m’entoure, comme si tout devenait flou, comme si tout le monde bougeait si vite que je ne pouvais plus suivre… tout s’agite autour de moi, tout le monde… la contraction est terminée, je n’ai poussé que 2 fois et là, je dois continuer à pousser « allez, pousser, il est là, c’est presque fini, sa tête est presque entièrement sorti »… je pousse, j’ai envie de hurler, je n’en peux plus, j’ai trop mal, je n’en peux plus, j’arrête à nouveau de pousser… je distingue Véro qui parle à Fanny, je crois qu’elle lui dit de le sortir… Fanny répond qu’elle tient les épaules, que la tête est sortie entièrement… Et puis ça y est, il est sorti, la douleur diminue d’un coup, je vois à nouveau, et c’est lui que je vois, Tristan, tout violet, tout ensanglanté, que l’on pose sur mon ventre, que les sage-femmes massent avec un tissu bleu, il ne crie pas, il est là, il tressaille, tout violet, si petit et si grand, et je le vois tousser, cracher et… ça y est, il pleure, il pleure, il est né… j’entends « et voilà, Tristan est né à 16h50 »… On me laisse Tristan quelques instants sur le ventre, on lui met de l’oxygène sous le nez… on le masse, je le touche, je le tiens, Seb est là aussi… je ne sais plus trop ce qui se passe, tout va si vite, c’est l’impression que j’en ai ! On finit par prendre Tristan, il va être examiné, puis baigné et habillé par son Papa, aidé par une sage-femme… tandis qu’on me lave un peu(Tristan a perdu une partie de méconium… sur moi !!), que mon placenta va sortir tout seul, et que je vais avoir droit à une anesthésie locale pour l’épisio… et pendant l’épisio, Seb va m’apporter fièrement notre petit Tristan, son regard est inoubliable, et il est là, dans mes bras, sur moi, il arrête de pleurer, il ouvre grand les yeux… Seb est là, il m’embrasse, sa tête est contre la mienne, nous admirons Tristan… c’est à peine si je sens la fin de l’épisio, la douleur je la sens à peine, même là où l’anesthésie ne fait pas effet : Tristan est dans mes bras et j’oublie tout, la fatigue, la douleur… Tristan est là, magnifique, Seb est là, ému aux larmes, heureux… tous ces mots sont fades comparés à ce que je ressens… l’épisio terminée, on nous laisse seuls… puis, je vais donner le sein à mon petit garçon, pour la première fois… et le voilà, qui tout seul, instinctivement, s’empare de mon téton, et tète, tout simplement, sans se poser de question, comme une évidence, comme quelque chose qu’il aurait fait toute sa vie… en tout confiance… et à ce moment, je fonds en larmes, en tenant Seb par la main. Nous sommes trois, pour la vie. Comme si la tétée, dans sa simplicité merveilleuse, me révélait quelque chose, un lien fort et unique, quelque chose de magique et pourtant pas compliqué…
Nous trois, depuis le 18 août 2005.

tu me fait pleurer!!!! c'est magique ce moment!! innoubliable n'es-ce pas!!

oh ma Nathouille, j'en ai les larmes aux yeux de ton récit,
tu as su tellement bien retranscrire la joie et le bonheur de ces moments inoubliables,
je t'embrasse très fort et bises à mon petit gendre
Victoria
Ps : t'as vu ma fille comme elle est belle sur mon avatar.....

et voila la petite larme du soir!!!! c'est trop beau...Nathie merci de nous avoir fait partagé ce moment....

Bisous à Tristan et aussi à toi et à ton hom!

Merci Nathie pour ce merveilleux récit qui m'a replongée 15 mois en arrière. C'est magnifique, j'en ai les larmes aux yeux, j'en souris, je suis émue et heureuse pour vous.

Et le meilleur est encore à venir Nathie, avec un enfant, chaque jour est rempli de bonheur.

Gros bisous à vous 3

Olalala bravo nathie-queen, tu as réussis à me faire pleurer...
Ton récit est tellement beau... tellement fort... rien que de le lire, alors le vivre...
Je te souhaite sincèrement énormément de bonheur entourée des deux hommes de ta vie...

oh nath, quel beau récit...

je t'envie de pouvoir le raconter ainsi...

moi mon accouchement a été tellement cata que j'ai pas l'impression d'avoir accouché.

Je n'ai rien vu de tout ca, j'etais ailleurs, c'est comme si Justin est arrivé par enchantement !

Bravo... et pour un 18 aout, tu as fait fort...

bisous

Citation :

mon accouchement a été tellement cata que j'ai pas l'impression d'avoir accouché.

J'suis sûre Zab, que tu prendras ta "revanche" lors de ton prochain accouchement !

Nathie-queen a écrit:

et à ce moment, je fonds en larmes, .

Oh, la la, moi aussi ! c'est tellement bien raconté... très beau, très émouvant...
bizzz
krstl

Moi aussi j'en ai les larmes aux yeux...ça me rappelle tellement de souvenir? c'est un moment si merveilleux. C'est difficle, ça fait mal mais j'y retournerais sans problème !

Merci Nathie pour ce beau récit, très émouvant

Pfffff trop bo, trop émouvant......

merci de nous avoir fait partager ton accouchement

Gros bisous à vous trois

Merci de nous avoir fait partager ces moments uniques. Que d'émotion... et aussi que de souvenirs...
Un énorme bisous à toute la petite famille.

Merci à toutes... et j'espère que les essayeuses vivront tout ça très vite... et je finis en disant: vive la péridurale, hein!!!
Gros bisous à vous toutes et vive nos bb!

Merci Nathie de nous faire partager ton bonheur.
Bises à toi et Tristan.

C'est vraiment un recit des plus emouvants, cela donne envie de revivre notre propre accouchement...

Gros bisous à toi et à tristan

c'est si beau

merci...

c'est très beau !!

souvenirs souvenirs...

C super emouvant nathie!!! tu le raconte avec une telle intensité A travers tes mots je m'y voyais
Tu as un talent d'ecrivain toi ou c l'instinct maternel qui te fait ecrire de si belles choses
de nous faire partager ce moment unique.
Gros bisous

Félicitations pour ton beau petit mec qui t'as bien fait souffrir mais par qui un nouveau bonheur commence!!!!

C'est vrai qu'en te lisant, j'ai moi-même revécu la naissance de mes puces, c'est si émouvant...

Profites-en bien!!!!