lu sur http://www.gyneweb.fr/Sources/fertilite/matur-ivitro.htm
LA MATURATION IN VITRO D'OVOCYTES
BILAN DE 142 TENTATIVES
D'après une communication aux Gynovations 2006
de Nelly FRYDMAN
Hôpital A. Béclère, 157 rue de la porte de Trivaux, 92140 Clamart
INTRODUCTION
Les techniques conventionnelles de fécondation in vitro (FIV) consistent à bloquer l’axe hypothalamo-hypophysaire à l’aide d’un agoniste ou d’un antagoniste de la GnRH, puis à administrer de fortes doses de gonadotrophines pour induire une croissance folliculaire multiple tout en contrôlant l’apparition du pic de LH, l’objectif étant de récupérer plusieurs ovocytes matures et d’augmenter les chances d’obtenir des embryons de bonne qualité. Ces traitements hormonaux sont longs, coûteux et ne sont pas dénués d’effets secondaires, en particulier, chez les patientes présentant une dystrophie ovarienne appelée «ovaires polykystiques» (OPK). Ces patientes sont exposées à un risque élevé d’hyperstimulation ovarienne pouvant engager le pronostic vital. Le développement récent des techniques de maturation in vitro (MIV) d’ovocytes issus de follicules immatures permet de proposer une alternative à la prise en charge de ces couples infertiles.
Le concept de maturation in vitro est ancien puisque la première MIV d’ovocytes humains a été décrite par Edwards en 1965, et la première fécondation d’ovocyte maturé in vitro a été obtenue en 1969 par la même équipe. La première naissance a été rapportée par Veeck et al. (1983) à partir d’ovocytes immatures obtenus au cours d’un cycle stimulé. Depuis, de nombreuses équipes se sont intéressées à cette technique et ont rapporté des naissances après MIV d’ovocytes issus d’ovaires non stimulés. La première grossesse après MIV d’ovocytes immatures obtenus à partir d’ovaires polykystiques a été décrite par Trounson en 1994, elle a permis de montrer que la maturation ovocytaire réalisée in vitro permet à l’ovocyte de conserver sa capacité de maturation et de développement.
LA MATURATION OVOCYTAIRE IN VITRO
La maturation in vitro (MIV) est une technique récente d’AMP permettant d’obtenir des ovocytes matures tout en diminuant la lourdeur et le coût des traitements hormonaux et en évitant les risques d’hyperstimulation ovarienne.
L’indication principale de la MIV concerne les patientes présentant un syndrome OPK, mais cette technique a été également proposée aux patientes normo-ovulantes.
1- Monitorage de la croissance folliculaire et préparation de l’endomètre
Le monitorage de la croissance folliculaire (échographie ovarienne et dosages hormonaux : oestradiolémie, FSH, LH) débute au 3e jour du cycle (administration si nécessaire d’un progestatif en cas de cycles irréguliers), il est poursuivi jusqu’à l’obtention d’au moins 10 follicules de 4 à 7 mm sans dominance. Une injection de 10.000 UI d’hCG est alors effectuée dans le but d'améliorer la maturation ovocytaire.
2- Ponction et recueil ovocytaire
La ponction folliculaire est réalisée 36 heures après l’injection d’hCG. Elle est réalisée par voie transvaginale échoguidée sous anesthésie générale. Les complexes cumulo-ovocytaires sont récupérés dans une solution héparinée en raison du caractère sanglant de la ponction. Ils sont ensuite isolés au laboratoire sous loupe binoculaire.
3- Maturation in vitro et fécondation
Les complexes cumulo-ovocytaires sont mis en culture 24 à 48 h sous atmosphère enrichie en CO2 dans un milieu de culture supplémenté en gonadotrophines et en sérum maternel. Après 24 h de maturation, les ovocytes sont décoronisés, ceux qui ont atteint le stade métaphase II sont fécondés par ICSI et les ovocytes immatures (stades prophase I et métaphase I) sont remis en maturation dans les mêmes conditions pendant 24 h.
4- Transfert embryonnaire
Les embryons sont transférés au 3e jour de la ponction dans une cavité utérine préalablement préparée par un traitement progestatif.
Le but de cet exposé est de présenter l'activité de MIV dans notre centre depuis 3 ans. 107 couples ont été inclus dans notre protocole au cours de 142 tentatives. Les taux de maturation à 24 h et 48 h ont été de 50.4% et 60.5% respectivement.
Au total, 706 embryons ont été obtenus dont 299 transférés au cours de 124 transferts. 31 grossesses cliniques (présence d'un sac avec une activité cardiaque à 12SA) ont été obtenues dont 20 étaient évolutives (>20SA).