PARIS (AFP) - La France se situe parmi les pays d'Europe à fort taux de décès par mort subite du nourrisson (MSN), mais avec une marge d'incertitude, la moitié de ces morts étant diagnostiquées sans autopsie, selon des études publiées mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire.
247 MSN ont été enregistrés en France métropolitaine en 2005, indiquent des spécialistes, dans un numéro thématique consacré par l'Institut de veille sanitaire aux "morts inattendues du nourrisson".
La mort subite du nourrisson avait connu une forte hausse au cours des années 1975-1991, et une forte baisse de 1992 à 1997, après une campagne de prévention préconisant notamment le couchage de l'enfant sur le dos et non sur le ventre.
Les chiffres de 2005, comparables à ceux des années 70, confirment la baisse régulière -mais faible- intervenue depuis 1998. Les enfants les plus concernés sont âgés de 27 jours à un an (période post-néonatale), surtout les garçons. En France, qui se situe parmi les pays d'Europe à fort taux de décès, la mort subite représente une mort infantile sur dix -et la première cause de mort dans la période post-néonatale.
Les chercheurs regrettent cependant que "la moitié des morts subites sont diagnostiquées sans autopsie". Il faudrait distinguer, estiment-ils, "la véritable MSN qui reste inexpliquée et dont le nombre baisse significativement", et les autres morts subites telles les morts survenues lors d'une maladie mal prise en compte ou très aiguë, les morts résultant d'une condition préexistante non reconnue, les morts résultant d'un accident ou d'un homicide.
"Délaissant le concept initial de mort subite du nourrisson, on préfère parler maintenant de morts inattendues, pour lesquelles il est important de repérer les sévices à enfant", notent les chercheurs.
Ils font valoir que "la fréquence des homicides de nourrissons est sous-estimée en France, et dans des proportions importantes", et rappellent que "le taux d'homicide est plus élevé dans la tranche d'âge des moins de 1 an qu'à tous les autres âges de la vie".
En 2007, la Haute autorité de santé a publié des recommandations qui plaident pour un transfert systématique des corps des nourrissons décédés de "mort inattendue", en vue d'une exploration scientifique en milieu pédiatrique spécialisé.