Lu sur Le Journal des Femmes, un dossier interessant à voir : avec entre autres, des tests, et des témoignages...
http://www.linternaute.com/femmes/famille/0611-devenir-maman/index.shtml
"Le désir de maternité ne répond à aucune logique"Devenir maman. Certains jours, vous en rêvez. D'autres, vous ne vous sentez pas du tout prête. Véronique Cohier-Rabhan, psychothérapeute de couple et de famille, vous donne des pistes pour vous aider à vous décider.
Avoir un enfant, qu'est ce que ça change dans la vie d'une femme ?
Véronique Cohier-Rabhan : Tout ! L'état psychologique et le quotidien sont bouleversés. Tous les schémas de l'enfance se rejouent au moment où la fille devient mère. Reproduira-t-elle le fonctionnement de sa propre maman ou, au contraire, essayera-t-elle de réparer ses propres manques en adoptant une attitude inverse ? Sans compter qu'en devenant maman, la femme change de priorité. Son désir se focalise sur le nourrisson, sa nature de mère peut prendre le dessus sur sa nature de femme. Les conséquences se ressentent alors sur la sexualité et la relation de couple dans son ensemble. Il va falloir être parents en restant amants, ce qui n'est pas une mince affaire... La solution : se réserver des moments en amoureux. Cet élargissement du foyer de deux à trois personnes, perturbe aussi la vie de tous les jours. Le rythme de l'enfant - son sommeil, son appétit, ses besoins - détermine désormais l'organisation, du moins dans un premier temps. Les répercussions sont nombreuses : les sorties doivent être prévues à l'avance et le bébé doit pouvoir se reposer sur place, les vacances ne se décident pas au pied levé, certaines activités sont inadaptées (sport d'extrême, soirées en boîtes de nuit...).
Comment se traduit l'envie de devenir mère ?
Certaines femmes ont plus envie d'être enceinte que d'élever un enfant. Pour d'autres, c'est exactement le contraire. En fait, pour les premières, la grossesse est imaginée comme un état de grâce. Leur représentation positive de la femme enceinte s'est construite avec les récits heureux de leurs aînés ou, au contraire, avec l'absence d'informations à ce sujet et donc une idéalisation de la situation. La femme se rêve avec le ventre rond, s'imagine chouchoutée, admirée. En revanche, elle ne se projette pas dans l'après. Pour les deuxièmes, la grossesse peut être vue une période difficile par laquelle il faut passer pour accéder au bonheur d'être maman. Elles fantasment sur leur rôle de mère aimante et responsable, sur l'amour que leur donnera leur enfant et font tout pour oublier les images déprimantes de ces 9 mois de nausées, d'angoisses et de "déformations"... En fait, dans les deux cas, la réalité reprendra le dessus tôt ou tard car les événements ne se déroulent jamais comme on les avait prévus.
Mais alors, les mamans sont forcément déçues ?
Non, bien sûr que non ! Tout dépend de leur réaction face à la réalité, de leurs propres capacités d'adaptation. Dans tout événement longuement attendu, cette phase se produit ! Et elle est nécessaire, puisqu'elle permet à la maman de rencontrer son bébé, le vrai, pas celui qu'elle avait imaginé. C'est en fonction de l'importance de ce temps d'adaptation que dépend l'intensité du baby blues. La femme devient mère en s'adaptant à son enfant. C'est l'interaction de deux personnalités, de deux désirs, de deux attentes qui définissent la relation. Évidemment, plus la mère aura une idée préconçue de ce qu'elle attend, plus elle s'y accroche et plus elle risque de vivre très mal les premiers moments avec son bébé. Même si les choses se déroulaient comme elle le souhaitait, il arrivera bien un moment où son enfant exprimera son individualité, qui sera forcément différente de celle de sa mère. C'est l'enfant qui contraint ses parents à s'adapter à lui et les efforts que cela leur demande sont largement récompensés par l'affection qui leur est rendue en échange.
Comment savoir qu'on est prête ?
Il n' y a pas de moyen d'en être sûre. Une femme très motivée à l'idée de devenir maman peut très bien se sentir malheureuse une fois dans la situation. De la même manière, une femme qui redoutait les responsabilités qu'implique la parentalité peut s'épanouir pleinement dans son nouveau rôle et même se découvrir des traits de caractère qu'elle ne soupçonnait pas. Pour preuve, un enfant non désiré peut apporter un bonheur immense. Tout dépend de comment on réagit en fonction de ce qu'il arrive, de ce qu'on fait avec ce bébé, cette petite famille, cette nouvelle fonction, cette organisation. Si on décide de le prendre comme une chance ou si on s'apitoie sur son sort en se disant "je n'aurais pas dû" , "ce n'était pas le moment". En fait, je crois que les femmes sont en général prêtes à devenir mères quoi qu'elles en pensent, indépendamment de leur âge ou de leurs projets. Quand elles se décident à essayer de tomber enceinte, leur choix résulte d'une multitude de facteurs et demeure pour elle-même assez mystérieux, quoi qu'elles en disent encore une fois. L'origine de cette motivation est probablement inconsciente.
N'existe-t-il pas de mauvaises raisons de vouloir un enfant ?
Une femme qui parlerait de "sacrifice" en pensant à arrêter de travailler pour élever son enfant devrait à mon sens y réfléchir à deux fois car celui-ci pourra porter un poids. quand on entend dire "elle l'a fait pour son couple", "elle avait besoin de se prouver quelque chose" ou encore "elle s'ennuyait depuis son licenciement". "Et alors ?", ai-je envie de répondre ! Si la décision de devenir maman peut restaurer un équilibre, en quoi faudrait-il s'alarmer ? La seule crainte à avoir dans ce genre de cas c'est le bien-être de l'enfant. Mais, si celui-ci grandit sans souci dans ce schéma, il ne faut jeter la pierre à personne ! Tout ce que nous faisons dans la vie a pour objectif de nous rendre heureux et personne mieux que nous-même ne sait comment y parvenir. En fait les femmes ne doivent pas se sentir jugées. Devenir maman ne nécessite pas d'avoir accumulé des diplômes et des expériences et de marquer des points en entretien d'embauche ! Sans compter que certains couples, même si c'est rare, ont véritablement retrouvé un terrain d'entente grâce à la venue d'un enfant.
Dans l'idéal, quelles sont les meilleures conditions pour accueillir un enfant ?
Il faut être heureux d'un point de vue relationnel. La sécurité affective, qui implique la stabilité, la confiance, le soutien et un climat paisible autour de la mère, est essentielle. Quant à l'argent, il n'a jamais rendu les enfants plus heureux alors, je ne le considère pas du tout comme une condition préalable. Et heureusement qu'il ne l'est pas, sinon combien de personnes seraient privées du bonheur de fonder une famille ? Non, les seules "contre-indications" concernent la santé psychologique des parents. Les dépendances à l'alcool ou à la drogue, les situations où la violence conjugale règne, où le couple ne respecte pas la loi, voilà des vrais obstacles pour élever un enfant.
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