En lisant cet article, j'ai pensé à Cathgre et Anneso qui cherchent des prénoms anciens pour leurs bbs :
Le retour des prénoms d'antan
Hélène Morvan
Mes amies, enceintes à la même période, étaient toutes focalisées sur les prénoms à donner à leurs futurs anges. Serait-ce des Lucas, Thomas ou Hugo, qui remportent actuellement la palme des prénoms masculins les plus attribués et pour les filles des Léa, Chloé ou Océane ? Pas vraiment. Quand je reçus les faire-part de naissances, la plupart des choix se concentraient sur des prénoms que portaient, mes grands-parents, mes grands-oncles et mes grands-tantes. Pourquoi donc un tel « retour dans le passé » ?
La vie cyclique des prénoms.
Des prénoms devenus très populaires au début du siècle ont été victimes de leur succès. Après avoir culminé en tête de liste des prénoms les plus attribués, ils sont passés aux oubliettes, le temps de quelques générations pour refaire peau neuve. On redécouvre Jean, premier prénom le plus porté du XX e siècle, qui ne comptabilisa pas moins de 55002 garçons nés en 1946 et déjà 33 600 en 1900 !! Après un effondrement dans les années 1970, il recommence à séduire les nouvelles générations de parents. Même chose pour Louis, dont le record d’attribution se situe en 1921 et qui occupe la 13e position en 2000. Paul et Pierre connurent des destinées semblables. Pour les filles, les prénoms anciens, dont les records culminaient au début du siècle, réapparaissent à la fin du XX e siècle, mais à des places plus éloignées. Ainsi, en dehors de Marie, premier prénom du XX e siècle, avec 81278 bébés filles ainsi prénommées en 1901 et qui reste encore en 2000 au 7e rang des prénoms de fille les plus portés, les autres prénoms reviennent-ils plus doucement. Jeanne, deuxième prénom le plus attribué du XX e siècle, se place en 2000 en 42e position. Et il faut attendre le début des années 1990 pour que Louise fasse son grand retour, se classant en 2000 à la 24e place. C’est le cas aussi de Alice, prénom longtemps oublié et que l’on redécouvre. Sans son « Roméo », Juliette dont le record d’attribution culminait en 1902 occupe la 19e place. La palme revenant à Lucie, très populaire au début du siècle et qui, après un passage à vide de quelques générations, ne cesse de gagner du terrain pour se classer en 2000 à la 11e place ! Mais ce sont surtout des prénoms anciens certes, mais relativement peu choisis au début du siècle, qui battent des records d’attribution de nos jours.
En quête d’originalité ?
En effet, les futurs parents se sont tournés vers ces prénoms relativement peu attribués au début du siècle et qui, de nos jours, apparaissent comme plus originaux. Ils caracolent depuis une quinzaine d’année en tête des hit-parades des prénoms les plus attribués. Ainsi en l’an 2000 assiste t-on pour les garçons au grand retour des Valentin, des Antoine, des Clément, des Nicolas, mais aussi des Arthur et des Adrien. Une autre tendance est marquée par celle des prénoms autrefois à consonance populaire, et qui de nos jours, sortis de leur époque comme d’un contexte, reviennent à la mode. C’est le cas de Baptiste ou encore de Jules. Pour les filles on assiste au triomphe des Camille, des Emma et le phénomène « Star Academy » va sûrement accentuer encore cette tendance…, des Mathilde, mais aussi des Pauline, Justine, Charlotte et la médiatisation à venir de Charlotte, petite-fille de Monaco, va probablement entretenir sa pérennité.
Enfin, le choix du prénom ancien peut-être aussi une manière de se distinguer, voire d’échapper aux influences des médias. Les catégories socio-professionnelles les plus élevées tentant d’échapper aux prénoms « à la mode », vont alors « lancer » ou relancer des prénoms anciens, en recherchant du côté de leurs ancêtres. Un bon exemple consiste à lire la liste des prénoms du carnet du jour du Figaro. On observe une constante dans le choix des prénoms classiques avec le lot des Alexandre, Louis, Pierre et Guillaume, et pour les filles des Marie, Victoire et Charlotte. Ainsi, n’attribuera t-on pas les Kevin, Jennifer et Jérémy, jugés trop populaires, pas plus que les Léa, Océane, Lucas et Théo, jugés trop à la mode en 2000. On se tournera plutôt, avec une certaine nostalgie, vers le passé et les valeurs d’antant.
Pour donner un prénom pour la vie, on puisera alors dans les « valeurs sûres » qui ont fait leur preuve, portés qu’ils étaient par nos grands parents et un peu oubliés de nos parents. Ils referont surface, comme un souvenir de notre petite enfance, au milieu des châteaux de sable et des brioches dorées qui nous attendaient pour le goûter. Les prénoms de nos petits chérubins seront comme un dernier hommage à toute cette tendresse du passé et qui se perpétuera dans l’avenir.