Récit de mon accouchement
Mardi 14 novembre 8h : nous arrivons à la maternité après avoir déposé Emile à la crèche. Je dois dire que je n’ai pas beaucoup dormi la nuit précédente, entre appréhension, excitation, envie de voir mon bébé, peur que cela dure des heures… A notre arrivée, nous allons directement en salle d’examen. La sage-femme qui m’accueille est adorable. Elle me place sous monitoring et m’examine : le col n’a pas bougé, il est toujours long, tonique et ouvert à 1. Elle me propose de me poser un Propess qui est une sorte de bandelette placée derrière le col qui libère des hormones permettant la maturation du col. Mais elle ne peut le faire que dans une salle de naissance puisque je dois être placée sous monitoring 2h après la pose et qu’on doit pouvoir intervenir rapidement en cas de problème avec le rythme cardiaque du bébé. Malheureusement, il n’y a pas de salle de naissance libre. On m’attribue une chambre et le hasard fait que c’est la chambre dans laquelle j’étais pour la naissance d’Emile ! Ca nous fait tout bizarre de nous retrouver là, comme un saut de deux ans en arrière : la même chambre, le déclenchement, l’attente de la naissance… Nous attendons qu’une salle se libère et que la sage-femme m’appelle. A midi, j’ai le droit à un thé sucré et deux biscottes, je suis à jeun depuis la veille au soir et je commence sérieusement à avoir faim…
13h : je remonte en salle de naissance, la sage-femme me pose le Propess, je reste deux heures sous monitoring. Au bout de quelques temps, je commence à sentir quelques légères contractions régulières mais pas très intenses. Après deux heures de monito, le col n’a pas bougé, je redescends dans ma chambre…
20h : les contractions sont toujours régulières mais pas trop intenses. La sage-femme passe me voir à la fin de sa garde et me dit que l’équipe de nuit me fera monter en salle de naissance pour un nouveau monito dès qu’il y aura de la place (c’est une journée très chargée, il y a plein de naissances !). Elle n’est pas très étonnée que ça n’aille pas plus vite car c’est un mode de déclenchement très doux qui agit sur 12h. Pour le dîner, j’ai le droit à un bouillon de légumes et un yaourt, la fête ! Ronan part vers 21h, je me sens un peu seule, mes hommes me manquent, je pense à Emile que je n’ai pas vu de la journée, je parle à mon bébé, je lui dis que j’ai hâte de le voir, que je l’attends… j’essaie de dormir un peu. Vers minuit, une sage-femme me réveille pour me mettre sous monito, elle n’avait pas pu venir avant. Elle me place directement sous monito dans ma chambre. Au bout d’une heure, je commence à avoir de bonnes contractions, je les sens vraiment bien et le monito enregistre de belles pointes, le rythme du bébé est toujours nickel. Quand la sage-femme revient, elle me dit de sonner pour monter en salle de naissance dès que les contractions ne sont plus supportables…
Mercredi 15 novembre:De 1h à 7h du matin : les contractions sont fortes, rapprochées, j’essaie de me reposer, je change de position entre deux contractions, je souffle, j’essaie de gérer un maximum la douleur tout en sachant que je ne suis qu’au début du travail.
A 7h30 : je sonne et je monte en salle de naissance. La sage-femme de nuit m’examine : col mi-long ouvert à 2. Ca a bougé mais pas beaucoup… et je commence vraiment à souffrir. Il est bien trop tôt pour avoir recours à la péridurale, le col est encore trop long et tonique. Elle me propose de me détendre dans une baignoire de naissance. Je me plonge dans l’eau chaude et ça me fait un bien fou ! Ronan me rejoint vers 8h30, après être passé embrasser Emile qui est gardé par sa tante. Je reste dans l’eau plus d’une heure, Ronan est assis à côté de la baignoire, on discute, on rigole, on est détendu…j’arrive à gérer les contractions en changeant de position, en me mettant à quatre pattes dans l’eau. La sage-femme de jour vient me voir, elle est aussi très sympa, on discute un moment. Je souffle et me concentre à chaque fois que la douleur revient. Après plus d’une heure dans l’eau, je commence à en avoir marre et demande à sortir. Une fois hors de l’eau, je me rends compte à quel point l’eau soulage les contractions ! La sage-femme me dit qu’il faut que je bouge un maximum pour que le bébé descende dans le bassin et que le col s’efface et s’élargisse. Je me rhabille et Ronan et moi descendons dans le jardin de la maternité, on se promène, je m’arrête à chaque contraction, je souffle pour que la douleur passe… C’est fou ce va et vient de la douleur, entre deux contractions, tout va bien et puis ce pic de douleur qui arrive… Il faut gérer un maximum ! Au bout d’un quart d’heure de promenade, je remonte dans ma chambre, j’essaie de me détendre mais cela devient impossible.
12h: Nous montons de nouveau en salle de naissance. La sage-femme me propose de m’asseoir sur un ballon pour faire bouger le bassin et me détendre. Les contractions deviennent vraiment violentes, j’en pleure presque, ça fait maintenant 12 heures que je souffre, je suis à jeun depuis 36heures, je suis épuisée . La sage-femme m’explique alors que pour faire avancer les choses, elle peut rompre la poche des eaux ce qui devrait permettre au bébé de descendre et aussi avancer la dilation du col. Elle me prévient aussi qu’ensuite les contractions seront plus douloureuses. Je refuse, je ne me sens pas capable de gérer plus de douleur et je demande la péridurale. Elle est un peu sceptique car elle pense que cela va ralentir le travail mais elle appelle l’anesthésiste. Ronan en profite pour aller déjeuner. L’anesthésiste arrive, me pose la péri et là… enfin… le bonheur. Je pourrais l’embrasser ! La péri est très bien dosée, je sens parfaitement toutes les contractions mais sans aucune douleur. Bon, la douleur est passée mais c’est pas pour ça qu’on a beaucoup avancé ! La sage-femme m’examine et la poche des eaux se rompt : le liquide est très clair et elle me demande si je suis à terme. Je lui réponds qu’ « administrativement » je suis terme mais qu’a priori, vu le temps que prennent les déclenchement « physiologiquement », je ne suis pas à terme !
De 13h à 20h, la sage-femme va me faire alterner toutes les positions possibles pour ouvrir le bassin et faire descendre le bébé : assis, sur le côté, allongée avec les jambes en l’air… Elle va faire son possible pour dilater « manuellement » le col (là, je vous passe les détails). Le temps nous semble infiniment long, on entend les bébés pleurer dans les salles de naissance à côté, 4 accouchements ont eu lieu depuis ce matin et moi, je suis toujours là ! Le bébé ne descend pas et la sage-femme se demande ce qui l’en empêche mais tant que le rythme cardiaque du bébé est bon elle n’envisage pas de césarienne.
19h50 : le col est dilaté à 9 mais pas tout à fait effacé et le bébé est encore haut. La sage-femme qui s’occupe de moi est partie dans la salle voisine accoucher une autre femme.
20h : l’équipe de nuit arrive… Grosse baisse de morale pour moi : c’est la quatrième équipe que je vois depuis le début du déclenchement ! La sage-femme de nuit est celle qui m’a posé le Propess, elle m’examine : dilatation complète ! Il faut maintenant que le bébé descende et cela peut prendre encore du temps. Ronan part manger un sandwich. La sage-femme de jour revient me voir et elle ne sait pas quoi faire : on a passé 12h ensemble, elle a fait tout son possible pour cet accouchement, elle m’a encouragé, soutenue et elle aurait bien aimé faire naître mon bébé mais elle a terminé sa garde et ne sait pas combien de temps cela va encore durer, elle décide avec regrets de partir et de me laisser aux mains de l’équipe de nuit. La sage-femme me repositionne sur le côté et là, miracle, je sens mon bébé descendre, je sens parfaitement sa tête et il faut que je pousse, il faut absolument que je pousse ! La sage-femme d’accoucher sur le côté et je commence à pousser mais Ronan n’est pas encore revenu ! L’auxiliaire de puériculture part le chercher dans les couloirs de la maternité. Et moi, je sens tout, mon bébé qui descend, l’envie de pousser, la tête qui passe. Ronan arrive, il me prend la main très fort, m’encourage, je continue mes efforts ! Encore deux poussées et la sage-femme me propose de prendre mon bébé sous les bras. Je le prends, il crie, je le pose sur ma poitrine nue, je pleure, Ronan pleure. Le cordon est coupé, les sages-femmes vérifient que tout va bien, sortent discrètement et nous laissent nous découvrir tous les trois.